Suzie on the Fjord – Le voyage au CAP nord qui a inspiré Aurora
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Le Rêve et le Départ
À 18-19 ans, je vivais scotché à ma selle de moto, avalant les routes de le Savoie. Mais très vite, j’ai rêvé de plus grand, de plus froid, de plus sauvage. Le Cap Nord est devenu une obsession : ce point où l’Europe plonge dans l’océan Arctique, symbole d’aventure absolue. Je n’avais ni le temps ni l’argent, mais ce rêve ne m’a jamais lâché. J’en parlais sans cesse, dévorais les récits de ceux qui y étaient allés. Un jour, j’irai.
Puis j’ai rencontré une femme extraordinaire. On a voyagé ensemble – la Corse à moto, l’Afrique du Sud en 4x4 – mais le Nord, le froid, la solitude, ce n’était pas son truc. Après trois ans à Lyon, on a choisi de revenir en Savoie, avec une envie simple : adopter un chien et vivre des aventures quotidiennes, sans prétention.
Un matin de juillet, j’ai fait 12 heures de route pour ramener Suzie, un bouledogue français de 700 grammes, taillé pour tout sauf pour l’aventure. Sur le chemin du retour, je lui ai raconté ma vie, nos projets, et sans réfléchir, je lui ai promis : « On ira au Cap Nord, tous les deux. Tu vas voir, ce sera incroyable. » Je venais de troquer mon rêve de voyage solo à moto contre une aventure en van, avec un chien qui ronfle et qui pète.

Deux ans plus tard, Suzie avait sans doute oublié cette promesse. Pas moi. Ma compagne, Laetitia, et moi formons ce couple rare où la liberté de l’un n’empiète jamais sur celle de l’autre. Un soir, je lui lance : « Sur une échelle de 1 à 10, ça te dit quoi si je pars un mois en van jusqu’au Cap Nord ? » Sa réponse, immédiate : « Si tu prends Suzie, c’est OK ! » Comme si j’aurais pu partir sans elle.
Une semaine plus tard, j’achetais le van. Le départ était fixé dans un mois. J’avais le véhicule, le chien, une direction : le Nord.
La Norvège et la Lumière Éternelle
On est partis un matin de mai, sans plan, sans réservation. La France, la Suisse, l’Allemagne… Chaque kilomètre nous éloignait un peu plus du quotidien. Puis la Norvège. Là, tout a basculé. Les paysages sont devenus plus sauvages, les routes plus étroites, les villages plus rares. Parfois, je ne croisais personne pendant des jours. Suzie et moi marchions pendant des heures dans des endroits que je ne pourrais jamais retrouver. La neige, le froid, des traces d’animaux inconnus – un mélange d’émerveillement et de vertige.
Un jour, deux élans ont surgi devant moi, immenses, silencieux. Suzie a à peine levé la tête. « Heureusement que t’as pas besoin de chasser, ma cocotte », ai-je murmuré, amusé.

La solitude s’est installée doucement. Au début, les discussions avec Suzie suffisaient. Puis j’ai commencé à recréer des rituels : me lever à la même heure, boire un café, faire une balade, ranger, planifier la journée. Comme si mon cerveau refusait le vide.
Quand j’ai franchi le cercle polaire, une émotion étrange m’a saisi. Rien ne changeait concrètement, mais cette ligne invisible me rappelait à quel point j’étais loin de tout. Pour tromper la nostalgie, j’ai ressorti mes réflexes de boulanger et me suis mis à faire du pain dans le van, comme six ans plus tôt.
Puis est venu le soleil de minuit. Suzie m’a réveillé en pleine nuit. J’ai ouvert la porte : le soleil brillait, bas sur l’horizon, baignant tout d’une lumière dorée, irréelle. « Mercredi ? Dimanche ? » Peu importait. Les jours se ressemblaient, se fondaient les uns dans les autres. Il n’y avait plus que l’instant présent, cette sensation de vivre hors du temps.

La Solitude et les Rencontres
Les rares rencontres prenaient une dimension particulière. Un pêcheur, amusé par « mon demi-chien ». Un gendarme aboyé par Suzie, agacée par les touristes. Un garagiste à Fauske, qui m’a dépanné un jour férié en me racontant ses voyages en France. Des échanges éphémères, mais qui donnaient au voyage une saveur unique.
Le soir, en préparant à manger, je réalisais souvent que je ne savais plus quel jour on était. Seule comptait cette liberté, cette complicité avec Suzie, cette lumière qui ne s’éteignait jamais.

L’Arrivée et la Leçon du Voyage
Des centaines de kilomètres plus tard, le van commençait à tomber en morceaux. J’ai dû démonter les portes, qui refusaient de rester fermées. « Bip. Bip. » À chaque virage, le tableau de bord me rappelait leur état. Au début, c’était stressant. Puis, comme le reste, j’ai appris à vivre avec.
Un matin, en bord de fjord, on est tombés sur des poissons morts, éventrés. « Bon, un chien a dû passer par là… » Jusqu’à ce qu’il y en ait six. J’ai fait demi-tour, presque certain qu’un ours rôdait.
Enfin, le Cap Nord. Un parking, un musée, des bus de touristes. « C’est tout ? » Oui. Mais le vrai voyage, c’était tout ce qu’on avait vécu pour y arriver : les paysages, les galères, les fous rires, les nuits sous une lumière éternelle.

Et l’Aurora dans tout ça ?
C’est de cette aventure qu’est née l’idée d’Aurora. Une montre pour ceux qui vivent des aventures, grandes ou petites. Robuste, pour résister aux routes cabossées et aux intempéries. Simple, avec un cadran épuré et un calendrier – parce qu’en voyage, on oublie les dates, mais pas les moments. Une montre qui accompagne, qui reste, qui rappelle les aventures passées et en promet de nouvelles.
L’Aurora, c’est un peu Suzie en version montre : fidèle, toujours là, quel que soit le décor. Elle ne se contente pas de donner l’heure. Elle porte en elle l’esprit du voyage : cette liberté, cette curiosité, cette envie de découvrir ce qui se cache au-delà de l’horizon.
Épilogue : Et maintenant ?
De retour à la maison, je raconte souvent ce voyage. Les paysages, les rencontres, cette sensation de liberté absolue. Suzie, elle, semble prête pour la prochaine aventure. Et moi ? Je regarde l’Aurora à mon poignet et je souris. Elle sera là pour la suite.
